12/01/2017

Etude fonctionnelle de la tourbière d'Ayguebonne

Une étude pour découvrir le fonctionnement de la tourbière d'Ayguebonne
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La tourbière d’Ayguebonne fait l’objet d’une étude scientifique débutée en 2015 afin de comprendre le fonctionnement de cette tourbière notamment d’un point de vue hydrologique. Des propositions de mesures de conservation/restauration des habitats remarquables ont été élaborées. Cette étude a été confiée au cabinet d’expertise Pierre Goubet.

 Cette étude comprend la réalisation d’un état des lieux topographique (MNT), paléoécologique, pédologique et une analyse de pho­tos aériennes. Elle se compose de trois volets :

     VOLET 1 : pédologie et paléoécologie de terrain

Ce volet consiste à décrire les différents horizons des sols du complexe, sur le terrain, à travers des carot­tages au carottier russe ou à l’aide de tarières adaptées. L’objectif est de définir les grands types de végétation ayant édifié l’édifice tourbeux (bas-marais à carex, à roseau, bois tourbeux, tourbière haute, etc.) et la présence d’horizons à forte incidence hydrologique (passée argileuse, graveleuse, etc.).

Sondage de la tourbière par le Cabinet Pierre Goubet

     VOLET 2 : suivie piézométrique  - réalisé en 2015/2016

Il s’agit d’installer 5 sondes piézométriques (ou plus, si nous le jugeons nécessaire) sur des points clés du complexe. L’objectif est de caractériser les variations des niveaux d’eau dans différents secteurs fonctionnels de la tourbière pour tester des hypothèses quant-aux circulations hydriques qui ont permis ou qui permettent aujourd’hui la tenue de communautés spécifiques, d’intérêt communautaire ou non.

VOLET 3 : synthèse et recommandations – réalisé en 2016

Ce volet correspond à l‘interprétation fonctionnelle et l’intégration des données acquises et la prise en compte d’autres types de données disponibles comme le MNT du CRAIG, les photographies aériennes, les don­nées floristiques, etc. L'objectif de ce volet est d'élaborer un modèle de fonctionnement global à partir duquel des propositions de gestion seront formulées pour les Habitats d’intérêt communautaire et plus généralement pour le bon fonction­nement du complexe.

 Les résultats :

La plupart des données nécessaires au diagnostic fonctionnel des tourbières d'Ayguebonne ont été acquises (topographie, unités fonctionnelles, sols, paléoécologie, logiques de transferts hydriques).

Le site est composé de deux édifices distincts : un grand et un petit. L'état actuel de la tourbière correspond majoritairement à une mosaïque de lande à callunes à sphaignes (Sphagnum capillifolium) ou à pleurocarpes (mousse). Les bouleaux sont présents sous forme de perchis plus ou moins denses. La linaigrette engainée (Eriophorum vaginatum) est localement présente mais pas toujours dans les secteurs à sphaignes rouges.

Plusieurs drains sont présents : le plus grand est occupé par une cariçaie à Laiche à ampoules (Carex rostrata). Les plus petits sont occupés par une variété de sphaigne (S. papillosum).

L'édifice tourbeux de 2 m d'épaisseur au maximum est constitué de tourbes à carex, contenant localement du phragmite. 

La tourbière a été récemment perturbée par des plantations d'épicéas (1970-1980), et plus anciennement perturbé par le pâturage.

La dynamique actuelle présume de la mise en place de saulaies-boulaies à sphaignes éventuellement ponctuées de secteur à Linaigrette engainée et sphaignes rouges.

Dans un premier temps, Pierre Goubet préconise de laisser faire la dynamique en place en visant la mise en place d'une mosaïque de boulaies à sphaignes sur les tourbes de bas-marais et de communautés de tourbières haute sur les tourbes à linaigrette engainée. L'action de gestion directe principale serait la coupe systématique des épicéas avant qu'ils n'atteignent 1 m. Dans le cas où cette stratégie de laisser-faire ne permettrait pas l'installation durable des communautées ciblées, une restauration globale de la topographie sur le niveau de charge hydraulique imposée par les nappes mère pourrait être tentée. Dans ce cas, les communautés attendues seraient des bas-marais à saules et bouleaux assimalables à l'habitat d'intérêt communautaire prioritaire des boulaies à sphaignes (91D0*).

La réalisation de trois ou quatre datations au carbone 14 permettraient de définir l'âge des tourbières et des différents états qui s'y sont succédés.

  L’étude a été terminée en Novembre 2016.